Qui ne s’est jamais posté derrière sa fenêtre pour regarder choir la pluie, laissant couler le temps avec ? Qui ne s’est jamais étonné d’apercevoir le monde renversé par l’entremise des gouttes-loupes ? Ou émerveillé en observant l’astre brillant à travers elles ? Qui n’a jamais suivi du regard ces gouttes s’écrasant sur une vitre, imaginant qu’elles faisaient la course dès lors qu’elles atteignaient la dite surface lisse, alors transformée en piste « eautomobile » ? Qui n’en a jamais alors choisi une en plaçant un espoir sérieux dans sa capacité à atteindre la ligne d’arrivée en premier, emportée par son poids, le vent ou toute autre force mystérieuse ? Qui n’a jamais tenté d’anticiper la route qu’allaient emprunter ces petites boules d’eau, les croisements de sillons, les fusions ou au contraire, les scissions, se laissant aller à un parallèle assez trivial avec sa propre vie et les rencontres qui la ponctuent… Là, on dirait une fracture. Fenêtre scindée en deux par cette faille sans faille, tracée par une lourde goutte suffisamment chargée en énergie pour aller droit au but.
Mélancolique assurément, réjouissante aussi, la pluie inspire. Pour tous ces petits détails et bien d’autres encore, la pluie glissant sur une fenêtre attire comme un aimant. Et justifie une nouvelle série de photographies. Irisation, décomposition, éclatement, pénombre… C’était cet après-midi. Il y avait des gouttes de pluie sur La fenêtre. Bonne pluie !