tags: arbres, ce n'est pas la fin du monde, confinement, coronavirus, covid-19, famille, forêt, gens, mont victoria, nouvelle zélande, pandémie, this is not the end of the world, virus, wellington
J’ai commencé ma journée à essayer de comprendre d’abord, puis résoudre une énigme urssaf arrivée dans mes spams, imaginant rapidement que l’équation urssaf + confinement en Nouvelle Zélande risquait de m’entraîner dans un délire un peu kafkaïen ou Brazilesque m’épuisant d’avance – y a-t-il une formule plus officielle pour se référer au film culte de Terry Gilliam ? –. C’est fou d’être à l’autre bout du monde et d’être ainsi rattrapée par cette réalité administrativo-pratique, dont, évidemment, je suis totalement déconnectée. Ceci dit, conformément au 3eaccord toltèque, je me garderais de faire des suppositions quant à la suite ! Nous verrons.
En fait, non, j’ai commencé ma journée en allant sur le site d’Objectif3280 pour compter et admirer les échos postés pendant ma nuit sur cette 5eGénération qui s’achève demain mercredi à 10h – sirène du premier mercredi du mois : ceci est un message pas du tout subliminal destiné aux personnes situées à l’intersection du cercle des lecteurs de ces posts et de celui des participants au projet qui n’auraient pas encore posté leur écho –. Un peu comme si je croyais encore au Père Noël et que je me précipitais vers le sapin au matin du 25 décembre pour découvrir mes cadeaux. Quelle joie donc de constater, qu’à nouveau, les branches de l’arbre – avec Objectif3280, nous créons en effet un arbre écho-photographique – poussent vite et poétiquement, et que, grâce aux anciens qui se muent en ambassadeur de choc, de nouveaux participants y grimpent gaiement !
Mais ce matin, j’ai aussi lu que le confinement en France était prolongé jusqu’au 11 mai et cela me coupe un peu dans mon élan d’écriture légère. Cela a beau être une date précise – sûrement mieux psychologiquement que le flou –, c’est aussi une durée – longue, quasiment un mois supplémentaire, autant que ce qui est déjà derrière vous. Et je me dis que ces prochaines semaines risquent d’être difficiles pour certains, pour beaucoup même sans doute. Je pense d’abord à ma famille, à mes amis bien sûr, puis à mes connaissances et aux amis d’amis, et plus généralement, à tout le monde, un peu comme si je préparais une campagne de crowdfunding.
Comment sort-on de deux mois de confinement, que Boris Cyrulnik a qualifié de « situation d’agression psychologique » il y a quelques jours (1), et comment accepte-t-on, dès aujourd’hui, un déconfinement progressif qui, à nouveau, semble échapper à une certaine forme de cohérence et soulève déjà l’opposition et le rejet ? Je ne vais pas refaire, comme il y a 2 ou 3 jours, de liste à la Prévert version psycho de la foule de questions qui vont se poser prochainement, mais, depuis ma lointaine cabane à Wellington, je pense à vous, très sincèrement, et j’espère que chacun aura les ressources – morales, psychologiques, physiques, matérielles… – pour vivre le plus sereinement possible ces prochaines semaines.
C’est bête comme réflexe, car une négation vaine de la flèche du temps, mais je me demande, à la lumière de la stratégie adoptée par d’autres pays qui s’en sortent mieux aujourd’hui, si les choses auraient pu être différentes en France. Mais il ne sert à rien de refaire le monde à l’envers… En revanche, demain est toujours une page blanche, et même s’il peut être complexe, en ce moment, de penser global et d’avoir une approche holistique de la situation, je me permettrai, pour finir, de citer Edgar Morin : « Alors qu’aujourd’hui, du Nigeria à la Nouvelle-Zélande, nous nous retrouvons tous confinés, nous devrions prendre conscience que nos destins sont liés, que nous le voulions ou non. Ce serait le moment de rafraîchir notre humanisme, car tant que nous ne verrons pas l’humanité comme une communauté de destin, nous ne pourrons pas pousser les gouvernements à agir dans un sens novateur ». Par quoi commençons-nous ?
(1) https://www.franceculture.fr/emissions/confinement-votre/boris-cyrulnik-on-est-dans-la-resistance-pas-encore-dans-la-resilience
(2) https://lejournal.cnrs.fr/articles/edgar-morin-nous-devons-vivre-avec-lincertitude