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En cherchant et choisissant ce titre, je pense soudainement à Stephen Hawking, décédé aujourd’hui, et dont La brève histoire du temps – d’abord le livre puis le documentaire – a marqué ma fin d’adolescence et les années qui ont suivi, mais aussi contribué à mon rêve d’alors de devenir astrophysicienne. Ce dernier n’a, d’un commun accord, pas survécu au monde réel, ce qui, fort heureusement, ne m’a jamais empêché d’avoir la tête dans les étoiles. Je me souviens en particulier être ressortie de cette salle de cinéma sur les Champs Elysées avec une question en tête, posée dans le film : qui de l’oeuf ou de la poule est arrivé en premier ? Bien des années après, j’ai d’ailleurs pu illustrer photographiquement et fortuitement cette question légitime et sans réponse en descendant les marches d’un escalier de Portland, Oregon.
Mais ceci n’est qu’une digression. Pas encore du détournement d’attention car je n’ai rien à vous vendre ni à vous cacher. Ceci dit, cette digression a de la suite dans les idées et le titre du best-seller du physicien lui fait curieusement écho. J’allais en effet écrire une énième fois que le temps passe vite, et que là, quoi que l’on en dise, était manifestement sa nature. J’en veux pour preuve scientifique que personne n’a jamais entendu quelqu’un lancer : « Par les temps qui marchent » ou encore « Par les temps qui traînent ». En revanche, « par les temps qui courent » est passé dans le langage… courant… Nous sommes bien d’accord ! Ce qui nous conduit à cette image, que je perçois aujourd’hui comme un étrange paradoxe. Voyez plutôt : ne trouvez-vous pas étonnant que pour montrer que le temps passe vite, en somme qu’il file comme l’éclair, il faille justement prendre son temps et faire une pose longue ?
En réalité, le temps ne court pas. Il s’écoule, tout simplement. Ce sont nous, les Hommes, qui nous imposons un rythme de vie trop effréné. Nous multiplions les tâches quotidiennes, les activités, les objectifs à atteindre. Tant et tant qu’au final, nous restons avec l’impression que les journées sont trop courtes ou que le temps file trop vite.
Pour commencer, il nous faudrait donc réviser certains de nos points de vue et revoir nombre de nos priorités. Puis il faudrait s’interroger sur la réelle nécessité de ce que nous faisons et accepter de ne garder dans nos vies que l’essentiel. Accepter, aussi, l’idée selon laquelle il nous est de toute façon impossible de tout voir, tout entendre, tout savoir, tout faire…
Enfin, une fois ce principe posé et accepté et une fois que nous seront revenus à l’essentiel, alors nous serons à nouveau capable de respirer au rythme immuable et universel de l’écoulement du temps. Et nous pourrons nous rendre compte que ce n’est pas lui qui court, mais nous, trop vite et trop souvent.