tags: chinatown, ciel, définition, flou, homme, interprétation, maroc, New York, objectif, photo ratée, photographie, subjectif, tour
En exhumant cette image de mes archives, une seule question me vient à l’esprit : qu’est-ce qu’une photo ratée ? Et une photo intentionnellement ratée (selon des critères à préciser), est-elle, une photo réussie ? La scène se déroule en juin dans le Chinatown de Big Apple. Une ville dans la ville où tout est écrit en chinois, où la langue officielle est le mandarin, où les durians viennent titiller nos narines douillettes d’occidentaux, où les baguettes se vendent comme des petits pains, où les massages se font à même la rue… Bref, Chinatown.
Je prends quelques photos. Les trottoirs sont bondés, de curieux avec leur guide sous le bras, d’habitants du quartier vivant leur vie de résidents. On joue un peu des coudes pour avancer. Difficile, dans ces conditions, de garder le cap pour le cadrage. Si ce n’est pas une voiture qui déboule à l’angle de la rue, c’est un groupe de personnes. Cela peut être agaçant. Au temps pour moi. La contrainte est intégrée dans le système d’équations à plusieurs inconnues que constitue parfois une prise de vue. Grand angle. Œil rivé derrière le viseur (cela donne plus de consistance que de tendre les bras avec son appareil-écran…). Attente. Quelques secondes. Mon œil gauche voit arriver un homme. 3, 2, 1, dans la boîte. Il est passé à 50 cm de l’objectif. A tourné la tête avant de traverser. Il est tout flou. A cause du mouvement, mais surtout de la mise au point à l’infini. Premier plan flou donc, et arrière plan qui semble être le sujet photographique initial, net. Photo ratée ? Dans mon système de valeurs, non. En d’autres mains, cette image serait peut-être allée directement au panier. Cela me fait penser à un commentaire que l’on m’avait fait sur une photo prise au Maroc. « Cette photo est belle, mais c’est quand même dommage que la tour soit penchée. » Moi derrière l’appareil photo, cette tour n’aurait pas pu être placée au milieu de l’image. Non. Voilà donc, comment avec des objectifs, nous ne faisons que du subjectif !