Je m’en souviens parfaitement… Quand j’ai passé l’angle de la forteresse et que j’ai aperçu cette Mercedes blanche garée en travers du quai, alors même que les voitures y étaient interdites, j’ai marqué une pause. Comme un réflexe face à un potentiel danger. Un signal transmis à mon cerveau pour évaluer la situation avant qu’il ne soit trop tard. Mille complots avaient déjà pris forme dans mon esprit fertile. Je m’étais fait mon film. Extérieur jour. Lumière grise. Voiture de truands. En poursuivant mon chemin, j’imaginais me retrouver face à des trafiquants, au hasard, de drogue, ayant choisi cet endroit isolé pour finaliser une grosse transaction à l’abri des regards. Sauf que j’étais là. Je ne sais pas exactement ce qui a induit cette pensée soudaine et incongrue mais cet arrêt préventif m’a paru interminable… Après avoir vérifié 12 fois que la voiture était vide, qu’il n’y avait personne en contrebas, et m’être demandé autant de fois s’ils n’étaient tout simplement pas de l’autre côté du mur, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis avancée lentement vers la voiture, prête à détaler à l’opposé si nécessaire. C’était bien entendu ridicule car il n’y avait personne d’autre que moi et mes peurs déplacées sur cette péninsule de pierre…
Je crois que j’aurais sans doute réagi de la même façon. On regarde trop la télé, sans doute ^^