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Il est certaines images que l’on fait et refait des centaines de fois, année après année, sans s’en rendre vraiment compte. Pas celle-ci en particulier, mais ce qu’elle dit, ce qu’elle montre, ce qu’elle laisse transparaître de soi, de ses préoccupations et de sa perception du monde. Comme un motif que l’on transporterait avec soi, en soi et parfois hors de soi. Je rectifie ce que je viens d’écrire – je pourrais l’effacer et vous n’en sauriez rien, mais c’est déjà là et je n’aime pas revenir en arrière – : ce n’est pas vrai que l’on ne s’en rend pas compte. On a parfaitement conscience, lorsque l’on y est confronté, volontairement ou pas, d’être en présence d’une scène incarnant nos pensées les plus intimes, donc essentielle car rare. C’est instinctif, tout en nous entre en vibration avec bonheur, tandis qu’une boule invisible se met à jouer du yoyo entre notre gorge et notre ventre, et qu’il devient extrêmement pénible d’avaler ne serait-ce qu’une seule fois sa salive. En réalité, quelque chose d’étrange et souvent d’imperceptible de l’extérieur se produit : par le simple fait d’exister, cette scène-là fait tomber murs, réserves et autres verrous pour nous mettre totalement à nu, car cette scène-là n’est ni plus ni moins que l’image, certes un peu déformée mais d’une formidable pertinence et justesse, que renverrait un miroir extralucide posé juste en face de soi…