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On continue avec Emmanuel Veneau.
Quel est le rôle de la photographie dans votre vie ?
La photographie m’aide à être présent à la réalité qui m’entoure sans être tenté de la traverser sans plus y penser.
Ne cesser de tourner autour du réel comme pour refuser d’en être séparé.
Ou tout du moins poser là un regard pour ne pas s’y absenter.
Quelle est l’histoire de votre photo (G8-1610, Ce qu’il me resta de lumière) ?
C’est une histoire en deux temps. La photographie elle-même fut prise à la tombée de la nuit à Collonges-sous-Salève avec du matériel d’une autre époque : un Nikon FM2 et une pellicule argentique…
Il y a quelques années, j’ai dû choisir entre passer à du matériel de prise de vue numérique ou acquérir un scanneur de négatifs. J’ai opté pour la 2ème solution et en numérisant mes films je me suis aperçu qu’on pouvait presque récupérer le grain de la pellicule. Et c’est le deuxième temps de la vie de cette image qui fait partie d’une série d’extraits de négatifs scannés, série qui voudrait aller chercher dans l’image l’endroit où le réel nous échappe.
Quelle connexion avec celle de la génération précédente ?
Les arbres, bien sûr. Et l’ambiance, cette lumière à peine suffisante, qui peut être celle du commencement ou de l’achèvement du jour, dans laquelle nous perdons nos certitudes sur ce qui nous entoure, où un lampadaire pourrait très bien être un soleil, et l’horizon à portée de mains.