tags: banc, bleu, ciel, Death Valley, noir, nuit, silhouette, tête, Vallée de la mort, Zabriskie Point
Une journée n’est jamais vraiment finie avant d’être réellement finie, c’est-à-dire, une fois que l’on est bien au chaud sous la couette voire endormi pour une nuit sans sursaut. Hier soir, vers 23h40, je lâche une de mes trivialités préférées dont la maîtrise m’échappe totalement :
– J’ai pas vu la semaine passer, on est déjà vendredi !
– Pas encore ! me rétorque-t-on avec optimisme…
Je pense :
– En même temps, étant donnée l’heure, il ne va plus se passer grand chose maintenant…
Je le pense mais ne dis à voix haute que les premiers mots – « En même temps, étant… » avant de m’autocensurer et de garder la suite pour moi. De crainte, étrange certes, de voir « quelque chose » se produire si j’officialise ma pensée.
Le voyage en métro se passe bien, en compagnie de gens aux petits yeux, pressés de se mettre au lit… Le voyage en métro se passe bien, jusqu’à un certain point. Un point où, alors que la rame entre en station, tout s’arrête. Coupure de courant. Nette. Il est peut-être 00h15, peut-être un peu plus. Et dans l’instant, une ombre se faufile dans l’interstice entre deux wagons, se hisse à hauteur de la porte et entre dans la dernière voiture, sous le regard médusé voire légèrement effrayé des personnes assises dans le sas, pour aller se poser tranquillement sur un siège et se fondre dans la masse comme si tout était normal. Quelques secondes après, le microphone éructe son crachin :
– Le courant a été coupé sur toute la ligne. Il y a une personne sur les voies.
Mais nous sommes un certain nombre – ceux du dernier wagon et une poignée de l’avant-dernier – à savoir que la personne en question n’est déjà plus sur les voies. Cinq minutes passent dans le silence. Puis cinq autres. Les questions intérieures prennent une nouvelle voie…
– C’est normal qu’on s’arrête comme ça ? s’inquiète un type chargé d’un sac à dos et d’une valise.
– Comment ils font pour vérifier qu’il n’y a plus personne sur les voies ? Ont-ils des caméras dans les tunnels ? s’enquiert une jeune femme.
Puis les soupirs se font plus forts même si contenus. Cinq autres minutes passent pendant lesquelles la voix off répète que le courant est arrêté car il y a quelqu’un sur les voies. Oui, mais non ! Il n’y a priori plus rien sur les voies, la personne étant montée dans le train dès le début… Nous attendons donc pour rien et aucun moyen de prévenir le conducteur. La situation est totalement absurde. Je pense bien à écrire la chose sur un papier, pour le montrer à la voiture d’avant etc, mais range mon carnet sûre que tout va rentrer dans l’ordre rapidement maintenant… Quelques minutes passent à nouveau, toujours dans le calme, voire le dépit consécutif à une longue semaine qui a pompé l’énergie de tout le monde. Et puis voilà que cela s’affole dans le wagon mitoyen. Celui où se trouve l’homme. Un voyageur a écrit sur une grande feuille de papier : « La personne est montée dans le train ». J’ai déjà « vu » ça quelque part… Ils nous font de grands signes pour que nous transmettions le message à la voiture 3. Du coup, je ressors mon petit carnet, retranscris la même phrase, traverse le wagon amorphe pour en atteindre le bout. Et colle ma feuille sur la vitre en essayant d’attirer l’attention des passagers de la voiture 3. Une dame me voit, ainsi que mon papier, mais n’a pas l’idée de s’approcher de la porte… Vraiment pas, ce qui me laisse un peu sans voix… Me voyant incrédule, elle se met à parloter à ses voisins, pas bien vifs non plus, qui s’approchent malgré tout… Mon trait est probablement trop clair et peu lisible, même à 40 cm… Ils ne comprennent pas. Une dame vient à mon secours.
– Si certains veulent passer leur nuit là, ça les regarde, mais pas moi !
Nous nous mettons en quête d’un feutre.
– Quelqu’un a-t-il un feutre ?
La question peut en effet paraître bizarre, à cette heure-ci, dans ces circonstances. Mais personne ne fouille dans son sac ! Pour une fois que tout le monde sait ce qu’il a dedans ! En revanche, un monsieur, bien assis sur son strapontin les jambes écartées, dit qu’il suffit de tirer la sonnette d’alarme pour parler au chauffeur. Chose qu’il n’a pas faite et qu’à vrai dire, pour une raison obscure, personne ne fait. Mais, de l’autre côté, le message semble avoir été finalement saisi. Une femme déchire une feuille de papier. Je ne vérifie pas ce qu’elle y inscrit mais j’imagine qu’elle ne va pas communiquer sa recette de la mousse au chocolat à la voiture 2. Je retourne à mon siège en répondant à une interrogation au passage.
– C’était quoi ça ?
– Quoi, le papier ?
– Oui !
J’explique.
– Ah, ok ! dit la dame en jetant un œil au wagon de queue.
Quelques minutes passent encore et un mouvement vague se produit dans la voiture 3. Tous les voyageurs se dirigent vers l’avant. Après 25 -30 bonnes minutes (et pas 1h comme j’ai pu le lire sur un blog) d’immobilisme forcé mais serein (et pas dans le noir et dans l’angoisse comme c’est indiqué sur ce même site) et d’interruption de trafic sur toute la ligne, le métro est évacué par les agents de sécurité. Voiture après voiture, ils font sortir les gens, restés placides du début à la fin, jusqu’au quai qu’avait atteint le wagon de tête. Le téléphone arabe version papier a-t-il fonctionné ? Ou est-on arrivé au bout de la procédure à suivre dans un tel contexte ? Au fur et à mesure que nous remontons les wagons en faisant bien attention au vide, d’autres agents font le chemin inverse. Certains avec des chiens… Allez, une petite dizaine de personnes au bas mot, l’air bien remonté, pour aller cueillir le perturbateur. Difficile d’anticiper une réaction a priori aussi démesurée. Que s’est-il ensuite passé dans cette voiture 5 quand ils en ont ouvert la porte ? Comment ont-ils fait pour savoir qui était le responsable de cette pagaïe de fin de journée ? Comment ont réagi les passagers ? Et l’homme, dont nous n’avions vu que le dos, qu’a-t-il fait ? Autant de questions emportées par le froid en sortant du métro pour une promenade nocturne, histoire de bien finir la journée… Réellement.
Alors qu’elles sont péniblement en train de lutter derrière un chalut pour récupérer les quelques bouts de poissons frais jetés à l’eau par les pêcheurs rentrant au port, deux mouettes, à l’âme plus épicurienne que guerrière, battent soudainement en retraite.
– Nous ne sommes pas de sauvages tout de même !
– Venez très chère ! Allons au bistro du Rocher ! C’est l’happy hour : vers et crustacés à volonté !
Cela s’est passé en deux temps. La première fois, je ne m’attendais absolument pas à ce que j’allais découvrir dans cette seconde antichambre à la fois sombre et brillante de l’exposition consacrée à l’artiste japonaise Yayoi Kusama, la Dame à pois. Comme dans toute expo à succès, je suivais patiemment le fil des visiteurs, en accordant aux œuvres le temps que mes suiveurs me laissaient. Mais, arrivée dans cet antre physiquement réduit et pourtant aux dimensions virtuelles infinies, mon panurgisme a perdu sa laine et je suis restée là, comme une gamine, à admirer la symphonie lumineuse qui se jouait dans cette boite à musique intérieure aux cloisons – murs, plafond, eau pour le sol – parées de miroirs et où les hommes n’étaient plus que les ombres d’eux-mêmes. Respectant scrupuleusement les consignes de l’exposition interdisant toute photographie, j’avais soigneusement laissé mon filet à images dans son étui tout en enviant ceux qui avaient été moins regardant avec la rigueur locale.
En m’extrayant difficilement du rêve au bout de quelques minutes, j’avais déjà décidé de revenir. D’autant que, visiblement, cette pièce échappait au credo du « no picture please ». Sans pied, difficile, en effet, de rendre justice à la beauté épileptique de cette installation addictive aux humeurs changeantes et à sa douce folie totalement contagieuse… Car, après avoir maladroitement tenté de capter les points un à un et par milliers, impossible de ne pas se laisser emporter et porter par le mouvement et la dynamique que cette Infinity rooms – Fireflies on the water – insuffle…
Rien sur l’arbre, rien sur la colonne communautaire, mais où sont passées les feuilles ? Bizarrement, ne reste que ce à quoi elles sont accrochées…
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