« J’avoue j’en ai bavé pas vous mon amour, avant d’avoir eu vent de vous mon amour. Ne vous déplaise, en dansant la Javanaise, nous nous aimions, le temps d’une chanson »… ça vous dit forcément quelque chose… Et bien, c’est ce que chantait et grattait le jeune homme là, sur la photo, assis sur une pelouse normande baignée par le soleil du week-end. En boucle. Il y a deux jours donc. Et la chanson est toujours là, dans les couches supérieures de ma mémoire, venant, depuis, rompre de façon inopinée les instants de silence et de concentration comme si elle avait une vie à elle. J’ai de la chance : il y a pire que chantonner une mélodie de Gainsbourg… Car, en général, ce ne sont pas les chansons connues pour leurs grandes qualités musicales qui nous hantent, mais plutôt le tube lourd du moment, le jingle pub, la chanson pour enfant, qui nous font clamer, tout de go, un ridicule « voulez-vous coucher avec moi, hun hun ? » devant vos collègues ou amis ahuris, mais rapidement contaminés… C’est la partie la plus drôle de l’air entêtant, que l’on s’échange comme les miasmes en hiver…
Les anglophones parlent de « earworm », une sorte de ver sonore, ou de « musique obsédante » comme les qualifie Andréane McNally-Gagnon, doctorante au Brams (Laboratoire International de recherche sur le cerveau, la musique et le son) à Montréal… Elle a ainsi établi un classement des 25 musiques les plus obsédantes pour des francophones sur une liste de 100 chansons présentées. Aller y faire un tour est évidemment éminemment dangereux, mais à notre époque bercée par le principe de précaution, il faut savoir être courageux ! « J’avoue j’en ai bavé pas vous mon amour, avant d’avoir eu vent de vous mon amour. Ne vous déplaise, en dansant la Javanaise, nous nous aimions, le temps d’une chanson. » Et zut !