Sans additif, sans conservateur, sans solvant, sans colorant… En somme, produit naturel garanti ! Non pas à cause de la brouette et des carottes cuites qu’elle pourrait charrier, mais bien de ce qui occupe le haut de l’image… Les aurores n’ont pas encore atteint Paris – sait-on jamais, peut-être un jour d’ire extrême de l’astre solaire -, mais l’atmosphère dégagée par ces couleurs est digne de ce spectacle céleste magique…
Au collège, je crois, peut-être au lycée, un professeur d’allemand, à moins qu’il ne s’agisse de celui de français, nous avait demandé d’inventer une suite à ce début : « De l’autre côté »… Thème ô combien classique, mais bon, les élèves changeant, les sujets peuvent demeurer. Il serait d’ailleurs intéressant d’étudier comment ces suites ont évolué avec la société, le temps, les événements… Celle créée par un jeune citadin des années 2000 – de l’autre côté de l’écran ? – n’a peut-être rien à voir avec celle imaginée en 1942 par son ancêtre à la campagne – de l’autre côté de la ligne ?… Même si finalement, c’est souvent une histoire de frontière qu’invitent à développer ces trois petits mots, qu’elle soit physique ou mentale (de l’autre côté de moi-même… : à creuser).
En pleine lecture compulsive de Barjavel, j’avais écrit : « De l’autre côté de l’horizon » bla bla bla… La suite, je ne m’en souviens plus. Aujourd’hui, poursuivons dans le classique, laissons-nous aller à un banal et carrollien « De l’autre côté du miroir »… Le fait est que, de l’autre côté du miroir, il y a un autre miroir, un peu plus petit, et que de l’autre côté de l’autre côté du miroir, il y a encore un miroir, encore un peu plus petit, et ainsi de suite. Jusqu’à l’infini… Oui, à l’infini… C’est le point fascinant de ce face à face de miroirs : il permet de capturer l’infini pour l’installer dans un espace fini ! Et dans ce cas précis, l’envoûtement atteint son comble : les miroirs dans les miroirs sont tous différents…
La partie orientale de l’image dira quelque chose aux visiteurs les plus assidus… Oui, oui, elle ressemble à s’y méprendre à la photo de Prisoner of love.. Non, non, je ne l’ai pas vendue à cette revue temporairement anonyme… Hasard ou coïncidence, je ne sais pas. Toujours est-il que dimanche, en plein ménage de printemps, ma main droite est subrepticement accrochée par le programme du Centre Pompidou. Sans que je m’en aperçoive, ma main gauche est déjà dessus. Ensemble, elles ouvrent la revue à une page que, évidemment, je ne retrouve plus maintenant que je la cherche. Bref, à cette page là-haut ! Surprise ! Les cadenas ! Rapidement, je réalise que la photo n’a pas été prise à Paris, le coréen aidant… et en déduis donc que Paris n’est pas unique, que l’hypothèse émise d’une nouvelle mode n’est peut-être pas si absurde, et au final, que je n’ai rien découvert !
Page 58, une piste : la photo illustre une séance du film « Le coffre de mariage coréen » d’Ulrike Ottinger, aussi photographe. On y parle de rituels anciens et nouveaux… Comme toute femme moderne qui se respecte, je lance une requête sur l’avatar de Page et Brin. Mots clés : cadenas tradition coréenne. Recherche primaire qui me mène sur le post d’un blog intitulé : « #Rome 6 ou les cadenas de l’amour »… Pas de Corée en vue, si ce n’est que l’auteur du blog a la Corée dans ses Tags les plus utilisés… J’y vois « mes » cadenas, accrochés à des rambardes, romaines donc. J’y lis que la tradition est italienne, remonte aux débuts des années 1990 et qu’elle est inspirée d’un roman de Federico Moccia, « Je te veux ». L’autre hypothèse – les clés sont jetées par dessus le pont – est vérifiée. Ma curiosité est attisée. Je retourne chez Larry et Sergey, et précise ma demande. Mots clés : cadenas d’amour. Le choix est vaste, blogs et autres, et évidemment Wikipédia. Où cela se corse : on y dit que la tradition est hongroise et date des années 1980. C’est le hic avec Internet, il faut sonder plusieurs sources et recouper les informations pour être à peu près sûr de ne pas colporter de webâneries !
Ce qui est à peu près sûr, en revanche, c’est que tout ce qui existe quelque part sur cette planète a trouvé quelques octets sur la toile pour exister, potentiellement, aux yeux de tous. Si vous vous demandez, par exemple, comment cuire les petits pois frais – si, si, il y a encore des gens qui achètent des petits pois frais -, la réponse devrait se trouver dans l’une des 30 500 occurrences répertoriées par le grand g… Vous cherchez le nom de la tortue fétiche du Jardin des Plantes ? Rien de plus facile (73 600 occurrences trouvées malgré tout en 0,18 seconde) ! C’est Kiki, tortue des Seychelles, arrivée à Paris en 1923 et décédée à 146 ans en décembre dernier ! France Info en a même fait une chronique ! Respect Kiki ! Et la hauteur maximale entre deux marches pour un escalier dans une maison ? 18,5 cm ! Cette universalisation et dématérialisation du savoir, en tout cas, de l’accès au savoir, est un leurre. Mais un leurre qui a réellement révolutionné, en quelques années, notre façon de chercher (plus besoin d’aller à la bibliothèque…), de nous informer (plus besoin d’acheter le journal…), et qui a totalement renversé nos conceptions de temps (toute recherche est instantanée…) et d’espace (chacun peut savoir ce qui se passe aux antipodes en ne bougeant que l’index et ainsi voir la famille Anderson se faire un barbecue dans son jardin grâce aux images satellite…)… C’est vertigineux ! Reste qu’être sur la toile n’a pas grande signification en soi. C’est le clic, hasardeux ou réfléchi, de l’inconnu derrière l’écran qui donne réellement vie en s’arrêtant sur ce qui existe en cache(tte). A l’origine, il y a donc toujours une recherche… Donc, pour la cuisson des petits pois frais, c’est 10 minutes dans l’autocuiseur. Et pour ceux qui n’en ont pas, avec les bons mots clés, la réponse devrait émerger en une micro-seconde !
mais pour le moins troublante… Une demie tête de clown, la langue tirée comme l’expression saisie d’une dernière forfanterie avant quelque chose de vraiment terrible… Nous avons tous, un jour au moins une fois, rêvé d’être un passe-muraille. A une nuance près, celle d’accéder à l’autre côté et non pas d’être coupé dans son élan au beau milieu du mur… Comme ce clown visiblement, dont le reste du corps, invisible, se débat dans la pierre depuis des lustres… Reste cette face, aux traits et à l’expressivité si réalistes que l’on ne s’étonnerait presque pas de la voir ciller des yeux, pour des faces à faces, qui, il faut l’avouer, n’ont pas souvent lieu. Car, trop souvent, le badaud passe, emmuré dans son silence et mu par une force obscure l’empêchant de regarder autour de lui.
… et du ciel bleu, comme tout lundi qui se respecte. Evidemment, certaines personnes n’aiment pas le lundi. Notamment car c’est le jour de retour au travail. Je leur ferais donc une toute petite suggestion : qu’elles fassent débuter leur semaine au dimanche. Par un jour chômé donc. Changement total de perspective ! Cette légère translation, qui vaut ce qu’elle vaut, ne devrait gêner personne par ailleurs.
Certains ont ainsi des jours préférés, un peu comme avec les parfums de glace ou la forme des escaliers… Ce n’est pas mon cas, bien que j’apprécie particulièrement les escaliers en colimaçon en fer forgé. Personnellement, et là, j’assume totalement mon fayotage auprès du Maître du temps : j’adore les lundis, les mardis aussi, les mercredis, les jeudis… bref, tous les jours de la semaine, qu’il fasse beau, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente… bref, par tous temps. En revanche, j’ai un léger différend avec lui sur la perception du temps qui passe. Là, il faut bien l’avouer, c’est l’anarchie la plus totale ; je dirais même plus : c’est le chaos ! C’est vrai, une journée fait 24 heures quoi qu’il arrive, pas une seconde de plus ou de moins ! Alors, comment expliquer que certains jours semblent s’éterniser quand d’autres, filent à la vitesse de la lumière ? Tout dépend de ce que l’on fait, me dira-t-on ! Certes, mais ce n’est pas si simple : ne rien faire peut aussi passer très vite… Il y a là quelque mystère à élucider… Mais pas aujourd’hui !
Pont de l’Archevêché, entre le continent et l’île de la Cité… Des objets accrochés au pont réfléchissent les rayons du soleil au zénith de sa forme… Je m’approche. Des cadenas, deux douzaines, trois tout au plus, dispersés sur les grilles de la rambarde, isolés ou groupés. Des petits, des gros, des neufs, des vieux… Et gravés sur certains, des initiales, des cœurs, des dates comme le font, ailleurs, les amoureux sur les troncs d’arbre ou sur leurs épaules… Une nouvelle mode ? Je suis sceptique. Cadenasser son amour, l’enchaîner à un pont… Je soupire.
Est-ce là une vraie preuve d’amour ? Et que signifie alors, pour un couple, de n’investir que dans un petit cadenas ? Est-ce à dire qu’ils s’aiment d’un « petit amour », qu’ils n’y croient pas vraiment ? Et qu’ont-ils fait des clés, tous ? Les ont-ils jetées dans les eaux troubles de la Seine, pour sceller encore plus le sentiment qui les habite, pour s’enferrer symboliquement l’un à l’autre ? Probablement. Sûrement, même. Sinon, quel intérêt à faire cela à cet endroit précis, face à Notre-Dame comme s’ils désiraient la bénédiction de cette entité supérieure que l’on appelle Dieu ?
Et alors, que se passe-t-il quand l’amour cesse, quand l’Autre n’est plus ce qu’il était, quand l’objectif est d’effacer toute trace de cet amour passé ? Un bon cadenas, c’est un peu comme un tatouage, c’est fait pour durer ! C’est ainsi que, dans les semaines, mois, années à venir, au fur et à mesure que la grille se parera de nouveaux colliers d’amour, la pleine lune verra débarquer sur le pont de sombres silhouettes sanglotantes, s’agenouillant face aux grilles et sortant de leur profond sac, une indiscrète pince-monseigneur pour officialiser le schisme…
… chat ! Une pêche assurément frustrante pour ce félidé rodant autour de sa proie comme un requin pas pacifique. Aventurière et téméraire, cette dernière reste de marbre !
Regarder les gens regarder est souvent plus amusant que regarder soi-même… Car, évidemment, ces homo touristus cherchent quelque chose. Par grappes parlant (ou pas) la même langue mais assurément le même langage – celui de l’index dénonciateur – ils cherchent ce que leur guide leur dit de chercher page 32 dans l’encadré consacré à l’Université de Salamanque, l’une des plus anciennes d’Europe par ailleurs. Une grenouille posée sur une tête de mort noyée sur une façade fourmillant de petits motifs et sculptée par son dernier restaurateur. Elle symboliserait la mort suite au péché de luxure. Plus simplement, la tradition veut que celui qui la voit réussisse son année universitaire. Un soulagement pour ceux qui n’y sont pas allés ou qui sont encore trop jeunes, mais qui la cherchent avec une application toute enfantine…
Evidemment, face à ce spectacle, on se demande comment ce jeu de « où est charly ? » imposé peut-il réussir à soulever autant d’enthousiasme. Et, par extension, si, si le guide avait spécifié que la tradition était de sauter à cloche pied devant la façade, ces visiteurs d’un jour y auraient consenti avec autant d’abnégation… ou de panurgisme… « Elle est là, là, la grenouille, sur le pilastre en haut à droite ! »
En pratique, toutes les photos figurant sur ce site sont en vente. N'hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements !
Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
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