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Il ne pouvait en être autrement aux Etats-Unis d’Amérique, où les superlatifs sont de rigueur au quotidien. Roulez deux heures dans n’importe quelle direction et vous croiserez forcément « le plus grand » quelque chose. « Grand » est, en fait, nettement moins important que « le plus ». Ainsi Hells Canyon est-il le canyon le plus étroit du pays, Hilo est-il l’endroit où il pleut le plus au monde et même ce dinner, là, propose-t-il les meilleurs – ie les « plus bons » mais nous avons un mot pour cela – burgers de la région, le Haystack Rock est-il l’un des rochers les plus photographiés au monde, les prairies tapissées de fleurs sauvages du Mont Rainier sont-elles mondialement connues… Un lieu ne peut pas être lui-même, tout simplement.
Cela nécessite parfois de tricher un peu. Le Mauna Kea à Hawaii est donc la montagne la plus élevée des Etats-Unis si l’on commence à la mesurer à sa base, c’est-à-dire, depuis le fond de l’océan… Tout devient évidemment très relatif quand on (ab)use des superlatifs. Ce tic états-unien me rappelle l’histoire du petit garçon qui crie « au loup »… A force de voir du « plus » partout, on en vient sérieusement à se demander ce qui est vrai et faux, voire à douter totalement de la véracité de la légende. Car, même si l’on joue sur les mots, il ne peut pas y avoir deux vainqueurs ! Même au pays de la deuxième chance ! Que Long Beach – nom opportun ! – soit réellement la plage la plus longue au monde n’a alors plus vraiment d’importance, d’autant qu’il est interdit de s’y baigner, ce qui réduit considérablement l’intérêt du record potentiel. Qu’ils – les Américains – se sentent obligés de la qualifier ainsi pour attirer des visiteurs est bien plus amusant !