tags: chemin, homme, humour, immeuble, marché, Montréal, pas, pilotage automatique, ville
Ou les risques du pilotage automatique… Ces moments légèrement angoissants a posteriori où l’on réalise que cela fait bien 10 minutes que l’on marche sans lever la tête et sans se tromper de chemin pour autant. Nos jambes ont pris le relais de nos yeux et nous guident dans la ville ou les couloirs du métro, nous permettant ainsi de lire, d’écrire en marchant ou simplement de rêvasser sans danger. Cela se passe effectivement ainsi si le trajet est, d’une part, parcouru régulièrement, donc, d’une certaine manière, enregistré par le corps, et d’autre part, non piégé. Le piège étant un nouvel élément sur le parcours. Un congénère s’évite assez facilement, grâce au détecteur de présence qui se met en route dans de telles circonstances.
Je parle de vrais pièges, comme celui-ci, là-haut. Le nouveau derrière l’illusion du même… Typiquement, ce cafouillage dans ce béton encore frais est le fruit d’un pilotage automatique mal géré. On le voit d’ici : un homme, la quarantaine dynamique, avec des chaussures noires cirées. D’un pas alerte mais la tête en l’air, il amorce le dernier virage avant d’arriver au pied de son immeuble. Il ne se rend même pas compte qu’un panneau lui interdit de se garer, ce qui, nous sommes d’accord, ne lui apporte rien dans un contexte de piéton. Ce n’est qu’en posant le pied au sol qu’il réalise que quelque chose d’anormal fait qu’il s’y enfonce. Réflexe conditionné, en une micro-seconde, il regarde le sol, réalise son erreur, amorce un petit saut et recule d’un pas pour se sortir de ce pétrin béton.
Il est maintenant sur la terre ferme, regarde ses chaussures noires cirées – la droite est pleine de cette matière grise visqueuse -, puis à droite et à gauche pour voir si quelqu’un l’a vu. Personne. L’air de rien, il file sur le chemin bis prévu par les ouvriers pour permettre aux habitants de rentrer chez eux le temps que la matière sèche, laissant visibles les stigmates de sa tentative de passage. La question : les ouvriers seront-ils arrivés à temps, c’est-à-dire avant que les traces de pas ne se figent définitivement, un peu comme les mains des stars sur Hollywood Boulevard à Los Angeles ? Et si tel n’est pas le cas, combien de personnes en pilotage automatique finiront par trébucher sur ce piège artificiel ?