Les promenades dominicales à vélocipède peuvent conduire à une conclusion heureuse : il existe bel et bien un Paris bucolique. Le gris et le crème sont remplacés par le vert et le bleu, les saules viennent pleurer à la surface de l’eau d’où émergent des algues sans fin, les chemins de terre conduisent à des jardins faussement abandonnés, les péniches bien ancrées au rivage sont bercés par le soleil, le ronronnement des moteurs cède sa place au pépiement des oiseaux, les maisons de bois occupent les rives assorties de hamacs. Inspiration. Expiration.
Enfin, Paris. Rectifions. Sa petite couronne. Il n’empêche, de vrais îlots de fraîcheur. D’ailleurs, ce sont des îles… Ile de la Jatte, Ile Saint Germain… Pas les plus modestes ni les plus accessibles, financièrement parlant, car pour le reste, les ponts jouent très bien leur rôle. On traverse d’ailleurs souvent ces bouts de terre entourés d’eau sans se rendre compte de leurs trésors, partiellement cachés ; et donc, sans prendre le temps de s’y arrêter. Car, ces îles-là sont, par définition, de parfaites zones de transit pour les travailleurs motorisés. Sûrement salutaire pour leurs habitants privilégiés. Je me souviens d’un exercice d’école mené sur l’île Saint Louis, autre île inaccessible, mais vraie parisienne pour le coup. L’idée, très facilement concrétisée ? Interroger quelques iliens et les amener à dire que lorsqu’ils franchissaient l’un des six ponts rattachés à leur île, ils allaient textuellement « sur le continent », comme si l’île Saint Louis était perdue en plein milieu de l’océan, comme s’ils vivaient sur… Belle Ile en Mer.