Magie féérique de cette improbable nuit américaine… Je me réveille dans une sombre barque au milieu d’un fjord scandinave sans savoir comment je l’ai atteint – je ne trouve aucune rame – ni comment j’ai gagné la frêle embarcation. Tout autour est incroyablement calme, immobile et silencieux, comme si le temps qui passe s’était arrêté là où le mouvement, le bruit, sont, d’habitude, incessants. Je voudrais rejoindre ce port, au fond, dont les maigres lueurs sont autant de signes de vie rassurants mais je suis incapable de bouger. Ce ne sont pas mes muscles qui résistent, mais mon esprit irrationnel : il ne veut pas souiller l’équilibre parfait sur lequel je parais flotter et qu’un simple tressaillement de ma part briserait en une fraction de secondes, faisant à jamais disparaître ce dialogue mi-diurne mi-nocturne entre le ciel et la mer, autant sublime qu’irréel.